Les enjeux et la réglementation

Les enjeux de conservation

L’avifaune migratrice

Située sur les grands axes migratoires, la Réserve naturelle a été créée afin de protéger ce site d’hivernage et de halte migratoire d’intérêt international, en assurant la pérennité de ces milieux naturels et en réunissant des conditions optimales pour le repos et l’alimentation de l’avifaune. L’augmentation et la multiplication des activités humaines sur le littoral sont les principales menaces pour le maintien des espèces et des effectifs d’oiseaux. Les différentes activités qui s’accumulent durant toute l’année agissent fortement sur le fonctionnement du site, notamment pour l’avifaune. Des projets d’aménagements situés en périphérie directe de la Réserve naturelle pourraient également avoir un impact sur la capacité d’accueil du site.

L’estran

En fond de baie de Saint-Brieuc, la mer découvre à marée basse près de 3 000 hectares d’estran sableux ou vaseux. La forte productivité planctonique produit une biomasse importante en invertébrés du sable (le benthos). Sa conservation constitue un enjeu prioritaire pour la Réserve naturelle. Les objectifs sont donc de veiller à ce que les aménagements réalisés ou en projet ne modifient pas la dynamique sédimentaire et la qualité biologique du fond de baie, et de favoriser et participer à la restauration de la qualité de l’eau.

Les prés-salés

Les prés-salés ou marais salés, à l’interface entre des écosystèmes terrestres et marins, constituent l’un des habitats naturels les plus limités de la planète, couvrant au total une surface inférieure à 0,01 % de la surface du globe. Les prés-salés d’Yffiniac constituent après la baie du Mt-St-Michel, le plus vaste ensemble de prés-salés de la côte Nord-Armoricaine. Le nombre d’associations végétales relevé et leur état de conservation font de ce marais un site d’intérêt écologique majeur. Ce marais représente l’un des derniers herbus primaires de France encore peu modifié par l’homme et parmi les sites les plus riches de Bretagne. Le maintien de la fonctionnalité de cet écosystème nécessite une protection forte de cet espace qui est aujourd’hui assurée par son statut de protection renforcée.

Les dunes

L’ensemble dunaire de Bon-Abri, bien que de faible superficie, constitue un élément majeur dans la richesse en habitats relevés sur le périmètre de la Réserve naturelle. Il représente l’unique dune du fond de baie de Saint-Brieuc et est un “hot spot” de biodiversité avec plus de 1300 espèces recensées. 30% de l’ensemble du site dunaire de Bon-Abri est fortement dégradé par la présence d’un terrain de camping et a subi de profondes modifications (terrassement, import de remblais, plantations ornementales…) qui ont dégradé les habitats d’origine. L’enjeu est de restaurer cette partie des dunes. Sur la partie en réserve naturelle, l’état de conservation est majoritairement bon ou moyen. Le piétinement représente le principal facteur de dégradation. Compte tenu de la fragilité du site, un plan de gestion spécifique aux dunes a été mis en place par le Conseil Départemental et la Réserve naturelle.

L’estuaire

Les estuaires sont largement reconnus comme des lieux de haute productivité biologique. Ils se situent à l’origine de nombreuses chaînes alimentaires et constituent une zone d’alimentation et de reproduction cruciale pour de nombreuses espèces animales et végétales. Ces zones de transition entre les systèmes maritimes et continentaux constituent de ce fait un écosystème indispensable au bon déroulement du cycle biologique de nombreuses espèces de poissons migratrices ou résidentes. Ainsi, l’estuaire du Gouessant est un cours d’eau important pour plusieurs espèces de poissons migrateurs amphihalins (anguille, saumon, truite de mer, alose, lamproie) bien que leur circulation soit fortement perturbée par la présence de barrages successifs. L’enjeu principal est donc de restaurer la fonctionnalité de cet estuaire et en particulier la continuité écologique du Gouessant pour les poissons.

Le patrimoine géologique

Le patrimoine géologique est figé, chaque objet disparu l’est définitivement. Cinq sites en baie de Saint-Brieuc sont inscrits à l’inventaire national. Les principaux objectifs de cette démarche sont de donner un statut juridique à ces objets géo- logiques remarquables et de les inscrire dans une stratégie de gestion à long terme.

 

Les enjeux de connaissance

Le Code de l’environnement précise que les réserves naturelles doivent contribuer à l’avancée des connaissances dans le domaine de l’écologie et de la biologie de conservation. En baie de Saint-Brieuc, des inventaires, des suivis et des programmes de recherche sont donc menés afin de suivre et comprendre l’évolution des milieux naturels et des espèces.

Les zones littorales abritent les écosystèmes les plus vulnérables aux changements climatiques. Ces changements modifient notamment la répartition des espèces, les rythmes annuels, les migrations… Les oiseaux constituent un groupe très sensible aux perturbations du climat et réagissent très rapidement à des changements environnementaux. La préservation de la diversité biologique dépendra de notre capacité à anticiper les menaces à venir et, en particulier, les effets à long terme du changement climatique et de l’aggravation de la pression anthropique sur les espèces. Les réserves naturelles littorales doivent donc jouer un rôle important dans le développement d’outils et d’indicateurs de ces changements climatiques et de pressions anthropiques toujours plus importants.

De par leur place les situant à la base de la chaîne alimentaire, leur relative sédentarité et donc leur réactivité face à une perturbation, les peuplements benthiques sont de bons indicateurs de l’état de santé d’un écosystème. Leur caractérisation doit permettre au gestionnaire d’une zone littorale, de déterminer le degré de pollution d’un site et éventuellement d’anticiper les mesures à adopter afin d’en limiter les effets. Dans la baie de Saint-Brieuc, soumise à diverses activités et impacts anthropiques, l’étude des peuplements benthiques est fondamentale pour caractériser « l’état de santé » de la baie, et pour estimer les ressources trophiques disponibles pour les producteurs secondaires et les prédateurs tels que les oiseaux. Ces écosystèmes complexes et diversifiés sont soumis à une multiplicité de contraintes d’origine locale et globale, il est impératif de mener des recherches pluridisciplinaires pour en comprendre le fonctionnement et anticiper leur devenir. Avec la mise en place progressive du Schéma d’aménagement et de gestion des eaux (SAGE) en baie de Saint-Brieuc, la Réserve naturelle et ses partenaires scientifiques doivent développer des outils de suivis de la qualité biologique des eaux et des indicateurs fiables traduisant son état de santé.

 

Les enjeux pédagogique et socioculturel

L’augmentation et la multiplication des activités humaines sur l’estran sont les principales menaces pour le maintien des espèces et des effectifs d’oiseaux. Au-delà de la réglementation, il est primordial de développer le rôle d’éducation à l’environnement du grand public, de manière à faire prendre conscience des effets perturbateurs d’un dérangement des oiseaux. Il est par ailleurs important d’encadrer l’ensemble des manifestations qui se déroulent sur la Réserve naturelle ou en périphérie immédiate. La protection du site et le maintien durable d’activité économique telles que la pêche à pied ne pourront être assurés sans une prise de conscience de l’ensemble des citoyens à la fois sur la richesse de leur patrimoine naturel, mais aussi sur sa fragilité et sa nécessaire protection.

 

La réglementation

La réglementation de la Réserve naturelle de la baie de Saint-Brieuc est définie par son décret ministériel de création et est complétée par un arrêté préfectoral réglementant certaines activités.

Deux zones de protection renforcée sont totalement interdites d’accès : les prés-salés du fond de l’anse d’Yffiniac et l’estuaire du Gouessant.

En dehors de ces zones, il est notamment interdit de :

  • cueillir des végétaux,
  • déranger les animaux,
  • camper et faire un feu sauvage,
  • abandonner des déchets,
  • circuler en véhicules à moteur,
  • pratiquer le vélo,
  • survoler la Réserve naturelle à moins de 300 mètres (drone compris).

Interdits dans les dunes de Bon-Abri, les chiens doivent impérativement être tenus en laisse sur le reste du site.

La Réserve naturelle fait par ailleurs partie du site Natura 2000 « Baie de Saint-Brieuc Est ». Ainsi, certaines activités et manifestations de plus de 1000 participants sont soumises à une évaluation des incidences Natura 2000, rédigée le maître d’ouvrage et instruite par le Préfet du département.

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