De nombreux échouages massifs de GPI ont été observés récemment en Bretagne. Les Côtes d’Armor semblaient épargnées mais des GPI ont été retrouvés dans la laisse de mer dans le fond de baie de Saint-Brieuc ces dernières semaines. 

Les plages, et de manière plus générale le littoral, sont le réceptacle de nombreux déchets utilisés, abandonnés ou perdus en mer. Le transport maritime représente 80 % du transport mondial. La perte de conteneurs en mer avec la perte et la dérive de marchandises est un problème fréquemment rencontré car les porte-conteneurs, de plus en plus grands, peuvent perdre des marchandises en cas de mauvaises conditions météorologiques : obstacle à la navigation, pollution chimique ou physique du milieu marin, ingestion par les animaux…

Il existe trois types de déchets que l’on caractérise selon leur taille : les macrodéchets d’une taille supérieure à 2.5 cm, les mésodéchets d’une taille comprise entre 5 mm et 2.5 cm et les microdéchets d’une taille inférieure à 5 mm. Les mésodéchets et les microdéchets peuvent provenir de la dégradation des plus gros déchets, ils sont alors dits secondaires, ou bien être produits à cette taille, ils sont alors dits primaires.

Macrodéchet sur la plage de Bon Abri (Hillion). Crédit photo : Alain Ponsero

Microplastique trouvé lors de l’étude sur la pollution microplastique du fond de baie de Saint-Brieuc (Cormy, 2020). Crédit photo : Gaëtan Cormy

Les GPI, granulés de plastiques industriels ou encore « larmes de sirène », font partie des microplastiques primaires. Ce sont des granulés qui servent de matière première pour la production des objets en plastique de notre quotidien.

La manipulation et le transport de ces GPI est un problème majeur car ils sont souvent transportés par bateau dans des conteneurs à travers le monde, ce qui augmente les chances de fuite des granulés dans l’environnement. En Europe chaque année, on estime que 41 000 tonnes de GPI se retrouvent sur nos plages et dans l’océan. Malheureusement, une fois dans la nature, ces microplastiques ne peuvent pas être récupérés à cause de leur petite taille (quelques mm).

GPI sur la plage de Bon Abri (Hillion, le 16/02/2023). Crédit photo : Nolwenn Solsona

Les microplastiques peuvent être le support de microorganismes, dont certains pathogènes, qui peuvent contaminer les animaux qui les consomment. Ils peuvent aussi contaminer la faune avec des composés toxiques entrant dans leur composition (par exemple les bisphénols ou les phtalates). Cette ingestion de composés toxiques et de pathogènes peut mener à des modifications comportementales et hormonales et donc diminuer la croissance, les comportements de reproduction, le succès reproducteur. En plus de ces effets-là, l’ingestion de plastique peut donner une fausse impression de satiété qui diminue donc l’efficacité de l’alimentation. Enfin, ces microplastiques peuvent conduire à une obstruction des voies respiratoires et des voies digestives lorsqu’il y a une forte accumulation. Tout ceci pouvant mener à la mort des animaux.

Les effets des microplastiques et donc des GPI, sont encore peu connus, car une fois dans le milieu naturel il est difficile d’étudier leur devenir et leur comportement. De plus il existe de nombreuses formes de plastiques différentes avec des additifs variés qui rendent l’évaluation des impacts encore plus difficile. Les conséquences de cette pollution pourraient être plus importantes et plus complexes que ce que l’on sait déjà, en particulier sur la santé humaine.

Production plastique mondiale en 2019 en millions de tonnes

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Pourcentage de la production destiné à l'emballage à usage unique

Depuis les années 50, la production plastique à travers le monde n’a fait qu’augmenter. Il est estimé que, si aucune mesure drastique n’est prise, la production mondiale triplera encore d’ici 2060.

VIGIPOL, basé à Lannion, est un syndicat mixte, créé en 1978 (suite à la marée noire de l’Amoco Cadiz), qui défend les collectivités littorales face aux risques issus du transport maritime et les aide à se préparer à gérer les pollutions. Entre février 2018 et janvier 2023, VIGIPOL a recensé 686 signalements de produits suspects arrivés par la mer et échoués sur les plages (marchandises, bidons, bois, mazout,…).

Le meilleur moyen de réduire les risques de déversement de microplastiques et autres plastiques dans l’environnement est de réduire notre consommation de plastique en privilégiant tout ce qui est réutilisable (emballage réutilisable, bouteille d’eau en verre, sac de course réutilisable…). Le tri et le recyclage sont également des moyens importants de lutte contre la surproduction et la surconsommation de plastique. L’utilisation de matériaux entièrement biodégradables est aussi une solution prometteuse, encore peu développée, mais qui permettrait de réduire considérablement l’impact des pollutions sur l’environnement.

Le 20 janvier 2023, plusieurs associations environnementales (FNE Pays de la Loire, FNE Vendée, FNE Bretagne, Bretagne Vivante, Eau et Rivières de Bretagne) se sont exprimées pour demander des mesures de lutte contre cette pollution > voir le communiqué de presse

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