Louis Rouxel, membre du Réseau des naturalistes costarmoricains, nous partage son incroyable observation :

 

C’était l’après-midi du 7 juin, j’avais programmé une sortie forestière pour des observations et photos de Miroir (petit papillon de la famille des hespéries) et de quelques odonates. Je n’avais dans mon sac qu’un boîtier et un objectif 105mm Macro.

Sur mon parcours, je m’arrête sur plusieurs spots que je fréquente en permanence. D’abord le petit coin des Lézards des murailles pendant quelques instants, puis je pénètre dans les bois, direction le spot des Miroirs, mais toujours rien, trop tôt dans la saison peut-être.

Après quelques kilomètres, j’arrive près d’un petit plan d’eau repéré depuis un an pour ses agrions orangés, ses carpes et son dortoir à cervidés. L’endroit est très tranquille, calme et très peu visible.

Marchant doucement, des dizaines d’agrions s’envolent et se reposent un peu plus loin. L’œil attentif, je les observe pour tenter de photographier ceux qui me donneront une bonne composition, dans diverses postures. L’essentiel de mes meilleures images est ensuite envoyé à Pierre-Alexis (salarié de VivArmor Nature) pour confirmer l’identification des espèces et alimenter la base de données de l’association.

Plus loin, j’arrive au dortoir des cervidés où l’emplacement de trois couches se remarque par l’herbe bien couchée.

Au bout d’un chemin, j’aperçois une tâche marron qui se détache du fond vert. Je m’approche avec prudence en me cachant le long des buissons : une biche, pas de doute, elle est très calme. L’endroit est paisible, deux geais se chamaillent, une grenouille coasse dans le fossé, pas de vent. Devant moi, je calcule une dizaine de mètres pour rejoindre un buisson touffu, pas à pas je m’y cache.

La biche est de profil, la tête cachée. De loin, son arrière-train présente une forme étrange. Elle fait de petits allers-retours dans la largeur du sentier.
Je sors mon matériel photo et déclenche… Le bruit du déclencheur lui fait lever la tête et chercher d’où vient ce son pourtant discret.

Caché dans mon buisson, je regarde l’écran de mon boîtier, et je n’en crois pas mes yeux, la biche est en train de mettre bas. Elle me fait face maintenant, mais sans paraître inquiète, se tourne vers la droite, le faon a glissé au sol dans les hautes herbes, elle baisse la tête pour le toilettage.

Incroyable, je viens d’assister à la naissance d’un faon !

Le cœur battant la chamade, je décide de quitter cette nurserie au plus vite et le plus discrètement possible, afin de la laisser démarrer cette nouvelle existence en toute quiétude.

Je ne peux que souhaiter une longue vie à ce jeune faon, malgré toutes les épreuves qui l’attendent et dont il ne se doute pas un seul instant…

La nature nous offre parfois des petits instants merveilleux, et celui-ci restera longtemps dans ma mémoire.

 

Un énorme merci à Louis pour ce récit, tout en émotion et respect des animaux observés. En bonus, la photo qui immortalise ce moment : on ne voit pas grand chose mais elle évoque beaucoup à la lecture de ce texte…

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