Chaque mois, nos volontaires en service civique ou des naturalistes bénévoles dressent le portrait d’une espèce visible en Côtes d’Armor. Zoom sur le Traquet motteux, par Gilles Pichard, naturaliste bénévole.

© Gilles Pichard

Bien que ce passereau puisse aussi fréquenter très localement des habitats ouverts situés à l’intérieur des terres, le Traquet motteux (Œnanthe œnanthe) est avant tout un hôte incontournable de nos pelouses rases littorales et de la frange rocheuse côtière.

De taille modeste comparable à celle d’un pinson, cet oiseau toujours sur le qui-vive monte la garde du haut de son poste d’observation, dressé bien droit sur ses pattes noires dans une position typique. Il profite de la moindre éminence pour surveiller son fief, avec une prédilection marquée pour les éboulis pierreux, les lames des ganivelles ou les piquets de protection délimitant les zones dunaires.

Le Traquet motteux exploite les richesses de son territoire en se nourrissant presque exclusivement au sol d’invertébrés de toutes sortes, sur lesquels il se précipite depuis son perchoir. Il inclut aussi dans son menu les petits escargots, dont il martèle la coquille à la manière d’une grive ou d’un merle.

C’est également près du sol qu’il niche, dans une anfractuosité qu’il garnit d’abord grossièrement d’herbes et de brindilles sèches, avant de la tapisser de matériaux douillets, plumes et poils essentiellement.

Son plumage diffère selon le sexe et change en période nuptiale, surtout chez le mâle qui arbore alors un masque noir englobant l’œil (voir photo). Les deux sexes partagent le croupion et la base de la queue d’un blanc immaculé bien visible à l’envol, ce qui constitue le meilleur critère pour repérer et identifier l’oiseau.

L’aire de nidification de l’espèce s’étend sur l’ensemble de l’hémisphère nord en englobant aussi la zone polaire.

Malgré cette vaste distribution géographique, il semblerait pourtant que tous les individus hivernent en Afrique équatoriale en passant par l’Europe, y compris ceux provenant du Canada, du Groenland, de l’Alaska et de Sibérie orientale. C’est pourquoi les passages automnaux dans notre région sont étalés dans le temps en fonction des distances à couvrir par les oiseaux.

De ce fait, sur nos côtes, on note une présence de l’espèce une grande partie de l’année, avec des oiseaux contactés jusqu’en toute fin novembre lors de la migration vers le sud et dès le début mars pour leur remontée. Il ne s’agit donc pas d’individus sédentaires comme on pourrait le croire, mais d’un flux prolongé lié aux distances parcourues par ce véritable globe-trotter. En fait, parmi les oiseaux que l’on croise toujours avec grand plaisir en Côtes d’Armor, bien peu sont des nicheurs effectifs par rapport au nombre de visiteurs en transit migratoire.

Les observateurs attentifs auront peut-être la chance de croiser des représentants de la sous-espèce groenlandaise (Œnanhe œnanthe leucorhoa), mais il faut un œil exercé pour appréhender les petites différences avec la sous-espèce type européenne qui ne sont réellement perceptibles que sur les mâles en plumage nuptial lors de leur retour d’Afrique.

 

N’hésitez pas à nous transmettre vos observations.

Plus d’informations sur les oiseaux.

 

La diffusion des actualités du Réseau des naturalistes costarmoricains est soutenue par la Région Bretagne et le dispositif du Service Civique (Ministère de l’Éducation Nationale).

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